Voici la longue liste de mes péchés.
Jusqu'à l'âge de 20 ans, on a plein d'attentes envers le monde. On a envie de le croquer à pleines dents.
Après, c'est le monde qui a plein d'attentes envers nous. Et si on ne le comprend pas, c'est lui qui nous croque.
En écriture, c'est pareil.
Le jour où j'ai tout plaqué pour me lancer dans la rédaction web à cause d'un compliment mal placé.
“Vos idées sont intéressantes, oui oui. Mais je tenais à complimenter votre style. L’écriture est fluide, captivante. J’ai tout lu d’une traite, ce qui est assez rare pour être noté.”
C'est ce que m'a dit ma directrice de mémoire. Un avis confirmé par l'experte.
Dans ma tête, ça a fait tilt.
Pourquoi m’emmerder encore 4 ans à écrire une thèse avant d’être payé alors que je pourrais sans doute écrire et être payé tout de suite ?
Elle m'a fait comprendre que j'étais une perle rare. Je me suis dit que ça aurait été facile de me démarquer.
Tu parles.
Foutaises.
Des gens qui savent écrire, on en compte par millions.
5 ans plus tard, mes textes ont été lus près de 20 millions de fois à travers le web, sous différents noms de plume (grave erreur).
Ils ont été partagés par des dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux.
J’ai écrit presque 100 pages de vente pour des Entreprises du Patrimoine Vivant, des cabinets de conseil financier ou juridique, des e-commerces ou encore des infopreneurs.
J'accrois l'influence de certains chefs d'entreprise sur LinkedIn. Vous m'avez déjà lu sans même le savoir.
J’ai lancé Encre canaille en février 2021. 4 mois plus tard, on est déjà presque 2 000.
Mais ce n'était pas de tout repos.
Pour y arriver, il m'a fallu accumuler toutes les erreurs possibles et imaginables.
L'important, ce n'est pas l'écriture, c'est la lecture.
Au début, j’appliquais tous les conseils sur l’écriture, le SEO, le copywriting, le storytelling, etc.
J’utilisais les structures qu’on me conseillait et les formules qui étaient censées fonctionner à tous les coups.
Certes, mes écrits étaient un peu plus fluides. Mais ils n'intéressaient personne.
Et moi, ce que je voulais, c’était incendier le web, pas souffler sur les braises de quelqu’un d’autre.
Quand j'ai concentré tous mes efforts, non pas sur l'amélioration de mon écriture, mais sur l'effet provoqué par la lecture de mes écrits, tout a changé.
Au fil de mes 5 années de concepteur-rédacteur, j'ai noté toutes les petites erreurs qui rendaient mes textes ennuyeux.
En voici 99.
Une liste aussi longue que le Nil et plus maladroite qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Un copywriter est censé mettre en avant ses réussites, pas ses erreurs.
Mais comme on apprend mieux des erreurs que des réussites, cet article est plus utile qu'un enième "comment j'ai fait pour gagner X en partant de rien."
L'idée n'est pas de pondre le texte parfait. Simplement que ce dernier provoque une réaction physique et mentale chez le lecteur. Et, bizarrement, c'est la chose à la fois la plus humaine et la plus difficile de toutes.
Cette liste est dédiée au Loris de 2016. J'ai troqué la 1re personne du singulier pour la forme de politesse. Elle parle ainsi à plus de monde. Et elle masque l'exercice d'ego trip.
99 erreurs de rédaction qui font fuir les lecteurs.
Vous ne soignez pas le titre.
Votre accroche n'est pas originale.
La dernière phrase n’est pas mémorable.
Vous utilisez des adverbes toutes les deux phrases.
Vous ponctuez la plupart de vos phrases par un point d’exclamation.
Il y a 10x plus de virgules que de points.
L’illustration de l’article est tirée d’une banque d’images.
C’est le portrait d’une personne inconnue affichant un grand sourire.
L’image montre une personne ou un groupe sautant dans les airs, les bras en direction du ciel.
Vous avez passé la matinée à recenser une série d’articles viraux et vous vous demandez comment vous pouvez les utiliser pour vos propres écrits.
Vous traitez des mêmes sujets que vos concurrents, adoptant le même angle et vous contentant d’ajouter 200 ou 300 mots à l’article.
Vous écrivez X mots juste parce que quelqu’un vous a demandé de le faire alors que X-500 mots auraient suffit.
Vous écrivez uniquement pour vous hisser parmi les 1ers résultats sur Google.
Vous écrivez uniquement pour faire le buzz sur les réseaux sociaux.
Vous écrivez uniquement pour trouver des prospects.
Vous avez trouvé l’idée de l’article durant vos heures de travail.
Pire: vous avez trouvé votre article devant votre ordinateur.
Vous n’avez pas une Grande Idée.
Vous pensez que si le héros de votre histoire est triste, les lecteurs auront mal au coeur et que s’il raconte des blagues, ils le trouveront drôle.
Vous prenez votre lecteur pour un robot.
Vous prenez votre prospect pour un pigeon.
Vous utilisez plein d’adjectifs pour être certain que le lecteur comprenne ce qu’il se passe.
Il y a plus de narration que d’action.
Un réalisateur ne pourrait pas mettre en scène votre texte.
Vous dites “il s’exclame” au lieu de “il dit”.
Vous dites “Lucien va à la selle” au lieu de “Lucien va chier”.
Vous dites “se focuser sur” au lieu de “se concentrer sur”.
Votre phrase la plus brève fait 5 lignes.
Votre phrase la plus longue est composée de 3 mots.
Toutes les phrases ont la même longueur.
Vous copiez le style de votre copywriter favori (tôt ou tard on finira par vous surnommer le Gad Elmaleh de la rédac’).
Pire: vous copiez le style de votre copywriter francophone favori (tôt ou tard on finira par vous surnommer le Tomer Sisley de la rédac’).
Vous reprenez l’accroche d’une page de vente d’un copywriter américain et vous la reproposez à un public francophone.
Votre idée est si banale que vous n’avez pas besoin de la défendre comme une lionne protège son lionceau.
Vous écrivez parce que tout le monde dit que le marketing de contenu, c’est bien.
Vous pensez que le marketing de contenu est une source de trafic passive et gratuite.
Vous êtes en pleine forme après avoir écrit votre texte.
Vous avez encore une boule dans l’estomac après avoir écrit votre texte.
Vous savez exactement ce que penseront vos lecteurs de votre texte.
Vous voulez plaire à votre “audience”.
Vous croyez qu’il existe une “audience”.
Vous écrivez uniquement pour vous.
Vous avez utilisé la même structure que celle de vos 5 derniers textes.
Vous avez utilisé une “formule qui marche à tous les coups”.
Vous n’avez même pas un peu peur de publier votre texte.
Vous avez publié votre 1er jet.
Vous n’avez pas relu à voix haute.
Vous n’avez pas tenté de couper au moins 30% de votre texte.
Votre article regorge de clichés.
Il est plein de poncifs journalistiques du genre avions cloués au sol ou tension palpable ou rapports accablants ou force est de constater ou encore brouillard à couper au couteau.
Vous trouvez votre texte parfait.
Votre personnalité ne ressort pas de votre texte.
Vous n’utilisez aucun détail concret.
A aucun moment votre idée ne se matérialise dans une situation concrète.
Vous vous trouvez tout à fait normal.
Vous prétendez apporter une réponse définitive.
Aucune partie de votre écrit ne vous met mal à l’aise.
Vous vous demandez si ce ne serait pas mieux de publier votre article sur une autre plateforme que celle sur laquelle vous venez de poster.
Il n’y a pas d’appel à l’action.
Vous ne promouvez pas votre article.
Vous n’apportez aucune preuve de ce que vous avancez.
Vous utilisez plus de 3x le mot “donc” pour compenser la faiblesse de votre argumentation.
Vous utilisez plus de 3x le mot “du coup” pour la même raison.
Vous adorez les accroches des films et des séries sur Netflix.
Vous ne vous souciez pas de la vérité.
Vous ne lisez pas de fictions pour nourrir vos écrits mais uniquement des livres “utiles”, comme Comment se faire des amis.
Vous pensez que l’humanité sera plus sauvée par l’intelligence que par l’imagination.
Vous pensez être plus intelligent que les autres.
Vous pensez que la beauté n’a aucune fonction.
Vous vous prenez pour un artiste.
Vous ne faites pas preuve de créativité.
Vous avez écrit toutes les versions de votre texte dans la même position physique et au même endroit.
Vous ne vous mettez pas à la place de l’autre.
Vous ne vous mettez jamais en danger.
Votre texte n’est pimenté par aucune confession.
Votre plume est un gant de velours sans jamais se transformer en vipère.
Votre plume est une langue de vipère sans jamais se parer d’un gant de velours.
Votre texte est un bloc plus compact qu’une parade militaire de la Corée du Nord.
Vos phrases sont trop espacées les unes des autres, comme si vous les obligiez à respecter des gestes barrières.
Vous ne soignez pas vos sous-titres.
Vous apportez des solutions sans expliquer comment vous les avez trouvées.
Vous vous présentez comme un super-héros sans aucun défaut.
Vos concurrents apprécient votre texte.
Vous n’avez pas écrit par amour mais uniquement par intérêt.
Vous ne nourrissez aucune obsession.
Vous voulez briller à tout prix.
Vous préférez l’originalité à la clarté.
Vous êtes constamment à la recherche de votre style.
Votre style émane de votre esprit plutôt que de votre corps.
Votre texte est rempli d’argots (seules les injures qui ont passé l’épreuve du temps comme putain et merde sont permises).
Vos dialogues sont lourds, putain.
Vous pensez que les gens préfèrent lire des articles de blog plutôt que des pages de vente ou des emails courts plutôt que longs (alors qu’ils ne lisent que ce qui les intéresse, peu importe le format).
Vous êtes certain que les gens ne lisent plus.
Le sujet ne vous enthousiasme pas.
Vous n’avez pas honte de montrer votre texte à vos prospects mais vous avez honte de le faire lire à votre famille ou à vos amis.
Vous n’avez pas pris votre travail au sérieux.
Vous vous prenez au sérieux.
Bref, la pire erreur reste encore celle d’avoir peur d’en commettre.
Loris.
Copywriting français.
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