Parfois, toute une vie se résume à un geste fou.
Jake, Avatar.
D’un côté, c’est agaçant. Pourquoi s’emmerder à développer une activité qui ait du sens, qui apporte de la valeur et qui soit singulière, alors qu’il suffirait de s'humidifier le gosier à l'aide d'un bon litre de bière, de noter l’idée la plus absurde qui traverse notre esprit et d’en faire un business ?
De l’autre, c’est réjouissant. L’idée de se dire que la créativité et l’audace sont les deux moteurs d’une bonne vie. Et que l’humain est encore capable de nous étonner.
Pour le meilleur ou pour le pire, à vous de le décider.
Dans un bar de Los Gatos, en Californie.
Un jour caniculaire de 1975.
Après une dure journée de travail, Gary Dahl, copywriter de métier, retrouve ses amis dans un bar de Los Gatos. Une petite ville pleine de charme, située en Californie et siège actuel de Netflix.
L’un d’entre eux passe le début de soirée à se plaindre de son animal de compagnie.
Gary ajoute: “finalement, l’animal de compagnie parfait, c’est une pierre ! Pas de caca, pas de maladie, pas de promenade tard le soir sous la pluie, pas de cri, rien qu’une bonne compagnie.”
(Ou une phrase du genre…)
La naissance du Pet Rock, la pierre de compagnie préférée des Américains.
Quelques jours après, Gary rassemble tout un paquet de pierres de la plage de Rosarito, au Mexique, à quelques encablures de la frontière.
Ces pierres n’ont rien de spécial. Elles auraient pu provenir des Alpes autrichiennes que personne n’aurait remarqué la différence. Mais l’origine commune permet à Gary de créer un pédigrée.
Toutes les autres pierres ne seront que des pâles copies de l'originale.
La patte du copywriter.
Il écrit un manuel de 32 pages, expliquant comment prendre soin de la pierre de compagnie et le ponctuant d’humour.
En revanche, aucune indication pour le nourrir. Ce que les acheteurs ne manqueront pas de faire remarquer.
Quant aux ordres, “bouger” et “assis” sont très simples à apprendre. “Attaque” est un chouïa plus compliqué, puisqu’il requiert l’aide de l’entraîneur.
La pierre de compagnie - appelée Pet Rock - est glissée dans un carton troué, pour qu’elle puisse respirer, puis posée sur un confortable lit de paille.
Des marges à faire pleurer les dropshippeurs.
Prix de revient ? Paille gratuite, pierre à un petit centime la pièce et quelques dizaines de centime le carton.
Prix de vente ? 4$.
A peine proposées sur le marché que les pierres s’arrachent dans tout le pays.
Malheureusement, pour notre concepteur-rédacteur, les ventes s’essoufflent rapidement. Juste après Noël, soit après seulement six mois d’existence, Gary abandonne le projet et relâche son stock de pierres de compagnie sur la plage de Rosarito.
De copywriter en galère dans une petite agence de pub à millionnaire "libre et indépendant".
Entre temps, plus d’un million de pierres de compagnie réchauffent les coeurs de tout autant de foyers aux USA.
Gary, lui, est désormais millionnaire.
Oui, mais...
La leçon de cette fable du marketing ? Je n'en sais rien...
Que la créativité a toujours sa place ? Sûrement.
Que les bonnes idées sont souvent les plus folles ? Possible.
Que vous devez abandonner ce que vous êtes en train de faire sur-le-champ pour lancer l’idée la plus absurde que vous trouverez au détour d’une eau jaune et gazeuse ? Pas vraiment.
Gary Dahl a révélé au Daily Mail que si l’aventure était marrante au début, elle est vite devenue bizarre.
Des marketeurs et businessmen en herbe parcouraient des centaines, voire des milliers de kilomètres pour lui soumettre leurs idées farfelues, en espérant, eux aussi, devenir millionnaires en quelques mois.
Sans compter les “haters” et autres “trolls” qui lui envoyaient des menaces judiciaires et physiques pour atteinte aux droits et à la vie des animaux.
Mais bon, ces derniers, on se les coltine même avec nos activités plus “standards”.
Alors bon...
Aux idées folles !
Loris
Copywriting français
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